18/02/2008

Bug dans la génèse




















Vie,
Genèse intemporelle
Chaque fois renouvelée
Petits battements de nos cœurs
Tambours infinis
Résonnant les tam-tam de nos croyances
Sur le mur
Totem du néant
Notre vide…

Avides,

Nous rejouions la création pour l’école du quartier…

Première répétition au pied du mur…

Abel (momo)
- l’homme est ses souvenirs

Caïn (abdel)
- non ! L’homme est ses phantasmes

Abel (momo)
- n’importe quoi ! l’homme est ses souvenirs te dis-je

Caïn (abdel)
- et y a quoi dans ces souvenirs ? hein ?

Abel (momo) (sourire béat)
- ben y a surtout une femme….

Caïn (abdel) (regard lubrique)
- Ben tu vois !! c’est un phantasme

Abel (momo) (sourire encore plus béat)
- Non c’est un souvenir de femme

Caïn
- Nooooon ! dis moi pas que tu t’es fais ma sœur ???

Abel
- Ben quoi ?? c’est aussi ma sœur non ???

Et c’est là que Caïn était supposé défoncer le crâne d’Abel à coups de pierre…

C’était escompter sans le premier bug de l’histoire universelle….

Dieu (moi en l’occurrence) se mit à poursuivre Caïn pour lui défoncer son crâne à l’esprit vadrouilleur qui venait changer le script pour la jensaipluscombiendefois…

La pièce était pour des mômes de 10 ans…

Bien mauvaise idée d’y avoir mêlé mes enfoirés de potes….


© Lambdaoui

31/01/2008

Journée de plomb...













chant de pierre,
embrasure sur la tendre parole
tu graves le ciel du vent qui hurle
désert sans fin
de nos tristes farandoles
et la vie bat sa mesure
comme je bat le tempo
vide de nos lendemains….

Et Momo qui bat la mesure…

Mesure qui mesure mon émoi au son nasillard de son transistor sur lequel vient se greffer à l’aide d’une lanière en caoutchouc, une pile plate à l’effigie d’une tête de tigre…

Wa liyam à liyam
a benti malki 3ouja...


Le soleil de ce matin d’été 72 se tapissait derrière une brume charriant l’odeur de varech dans laquelle venait se mêler l’âcre relent d’un pneu brûlé, nous accordant un petit moment de répit avant de darder ses rayons faisant fuir oiseaux et badauds…

Abdel arrivait du bout de la rue d’un grand pas désarticulé, agitant sa main dans laquelle se balançaient, suspendues dans une petite lanière en feuille de palmier, trois énormes beignets..

Sans dire bonjour…

- fin attay ?

d’un geste du menton je lui indiquai le petit plateau en inox, posé à même le sol, et sur lequel reposait une petite théière recouverte d’une serviette et trois petits verts colorés…

- awwwah ! Omar à mis ces verres là ?? c’est pas vrai !!...il est malade ??

- tu parles! lui répondit momo tout en continuant sa danse transe. L’enfoiré à besoin d'une autorisation pour sa terrasse ...comme ma frangine bosse à la préfecture il m'a demandé de lui demander d'intervenir en sa faveur...bé hlaoutek qu'il m'a dit...

- nariii! il ne sait pas ce qui l'attend....

rire de nous trois

et nass el ghiwan chantaient....

momo dansait...

abdel faisait mousser le thé en levant très haut la théière

la brume se dissipait lentement laissant trainer derrière elle quelques gouttes de rosée sur les bougainvlliers de la maison d'en face, là ou habitait Abdelamalek.

nass el ghiwan chantaient...

que de loups dans la brume
ont donné libre cours à leurs hurlements.....

Abdelamlek représentait tout un idéal aux yeux de nos petites personnes oisives. Un brillant étudiant à la fac, garçon aîné d'une famille berbère, beau, il inspirait auprès de tous les habitants du quartier une grande sympathie que moui aïcha ne manquait pas de nous citer en exemple lorsque elle voulait nous rapetisser encore plus dans notre "insignifiance malfaisante" comme il lui plaisiat à nous qualifier

- lui au moins il est serviable! répétait-elle à notre intention

et c'est sûr qu'il l'était. Il avait toujours un bon mot pour nous remonter le moral. Il nous prodiguait sans arrêt de bon conseils, arbitrait nos querelles...

le mur se réveillait doucement étalant progressivement sa blancheur au ciel, son aura, diaphane sereine, nous enrobant d'un voile paisible nous faisant oublier la tourmente des mauvais jours. Aux chant des oiseaux qu'aucun bruit de la ville encore ensomeillée ne venait troubler la journée s'annonçait belle

wa liyam a liyam
a benti malki 3ouja....

sur les gouttes de rosée se refléta, fragmentée comme sur les yeux d'une mouche, une ombre malfaisante...

la DS noire, sans bruit ...à pas de loup presque, s'arrêta sous le bougainvillier...juste en face de nous. deux hommes en noir en descendirent...on aurait dit des corbeaux

sonnerie, palabres et va et vient devant la porte...

s'engouffrant dans les derniers restes de brume, ils emmenèrent abdelamlek en pyjamma...

là d'ou on ne revient jamais...

la journée était belle et chaude...mais pas autant que les larmes sur nos joues...

je me souviens encore du regard de sa mère sur le perron....

nass el ghiwan chantaient

a liyam a liyam
a benti malki 3ouja...

© Lambdaoui

25/01/2008

lassitude...

les paroles que le vent sème
à tort ou à raison
s'en vont s'en viennent
tristes saisons
comme feuilles mortes au pied du mur
leur oraison...

mais l'espoir demeure...

24/01/2008

Saisons...















Par une journée d’aspect printanier malgré l’avancée d’un aoûtien automne, je rêvais d’une fraîcheur hivernale qui aurait certainement calmé mon questionnement oiseux sur les aléas du temps.
Je me prélassais contre le mur qui ce jour là ne reflétait aucune saison…juste une humeur grise qu’il ronchonnait aux grattements des griffes de pigeons …

- « Ya plus de saisons ! » Ronchonna à ma droite, de l’autre côté de Momo et d’un ton complice, une voix inconnue. Puis sans nulle autre invitation que nos silences incisifs elle se mit à parler…

Momo, de mauvais poil rompit le rang…

- Je connais cette histoire par cœur …je vais voir bunny…je t’en ramènes ??

Signe de tête en acquiescement …c’est là que je vis l’homme grisonnant, suspendu à l’autre bout de la voix.

Il semblait étonnamment calme mais un curieux rictus ponctuait chacun de ses mots. Il expliquait, beaucoup plus à lui-même qu’à moi, comment il s’était retrouvé sans emploi avec d’énormes dettes.
Comment il s’était retrouvé aussi dans l’obligation de vendre tous ses biens…une terrible humiliation à son sens…

Au fur et à mesure de son récit le ton de sa voix prenait le ton de ces différentes étapes traversées…

D’abord, à l’amer dans sa voix, j’eus l’impression que les branchages d’un arbre fou s’étaient mis à peindre la colère dans un ciel sans nuages

- tu sais petit ! J’ai passé ma vie à asseoir ma position sociale…

Complètement ruiné depuis qu’il s’était fait blouser par son associé, il constatait avec rage que de la gloire à la rigole, il n’y avait que l’effet d’un vent contraire.

Aléa du temps…

Après la colère, la déprime prit place...ancrée et encrée dans un cortège poisseux d’idées noires sur fond d’attentisme. Un vertige obsédant dans le vide soudain de son existence qu’aucun surmenage ne venait masquer…

Ça, je connaissais…Je me laissai aller un peu plus contre le mur, syncrétisme de ma propre oisiveté…

Tout ce qu’il avait construit en biens matériels et activités incessantes avaient tendu autour de lui la noire étoffe d’un ciel en velours. De ces étoffes riches et lourdes dont on ne se défait jamais par peur de la nudité mais qui pèsent quand même lourd sur les épaules…

Une hirondelle égarée picorait un bœuf qui aboyait sur un toit...

Diversion de mon moi chassant la peur de sa propre incertitude…

Un rayon de soleil se fragmenta en mile étoiles sur une petite flaque d’eau au pied du mur.

Lueur d’espoir dans son regard….

Sa voix était maintenant sereine…

- Je me suis mis à poser un autre regard sur les choses, sur les êtres et sur moi-même. J’ai appris à sentir le vent, la fraîcheur d’une herbe coupée, d’écouter les sons magiques d’un rire, le petit bruit d’un scarabée contre le mur, s’acharnant vers ce qu’il croit être sa propre liberté…


Son visage détendu n’avait plus ce regard d’histoire inachevée. Il m’inspirait le désir d’une rencontre, la certitude d’un partage…

Il me regarda en souriant puis me tendit la main

- je m’appelle Hassan. Je suis un copain à Abdel…j’ai une association pour aider les jeunes en difficulté….

Je crois bien qu’il cherchait à dire à ceux qui venaient à lui :

Ce qui vous RUINE
N’est pas toujours ce qui veut vous NUIRE

Momo revint avec les clopes...

Un lièvre hulula sur un arbre…nous n’étions pourtant pas encore onze heures…

Un vol d'éléphants zébra le ciel d'une couleur girafe...

Il plut du beau temps ce jour là….



© Lambdaoui...remake d'ailleurs...

22/01/2008

Le chant des anciens...


Papillonnements sur les arbres en fleurs
les douces saisons
ont repeint nos cœurs
gris de la mer
quand l’amer nous grise
écume en couleurs
sur nos peaux et chemises
et le vague à l’âme
nous rêvons à l’envie
marionnettes sans doigts
frises sur un mur, théâtre sans vie
frêle sanctuaire
quand le chant des anciens
nous revêt d’un suaire…

Nous lézardions en silence, à fleur du mur, hiéroglyphes désarticulés retraçant l’épopée de tous ceux qui révèrent un jour de devenir roi…

- t’es le roi des cons Lambda…

Ma couronne perdit un laurier qui vint d’un tintement à mes pieds épicer le vide de l’instant. Je regardai Abdel l’air décidé…

- j’ai dit pas de pétard aujourd’hui…la dernière fois t’as foutu le macchabée par terre…à mi chemin du cimetière…

- j’ai marché dans une ornière…

Réponse de faux-cul…

- cul de basse fosse même, tellement son mensonge y pue le shit…

Momo, apprenti boursier faisant dans la surenchère…

Trève…

Moui Aïcha, ramena toute la tractation de notre marché boursier au péjoratif du casse noix

- quelle casse-couilles celle-là! marmonna Momo

- oueld essouq ! meugla l’engin…pas un gramme de respect pour les anciens…

et de son pas pesant elle franchit le porche du 31 bis d’où s’élevait la douce mélopée des tolbas à laquelle se mêlait, crescendo, les lamentations des femmes…..

La mort, aveugle, n’était certainement plus très loin. Guidé par le chant des anciens et l’odeur de l’encens bientôt elle franchirai le seuil de la maison où le vieux Bâ Driss agonisait depuis plus de deux jours maintenant.
Les hommes, assis sur des chaises pliantes alignées des deux côtés de l’entrée, partageaient leurs souvenirs où se mêlait le futur défunt, tantôt souriants, tantôt affichants une mine consternée.

Des enfants jouaient devant la porte. Je trouvais fascinant et étrange leur détachement vis-à-vis de la mort qui leur semblait naturelle. Elle ne les attristait pas, sans doute n’avaient-t-ils pas encore conscience de leur propre éphémère…

Nous perdons cette valeur avec l’âge me dis-je…

- c'est la vie que nous perdons avec l'age ! me fait Momo

Le chant des tolbas se faisait plus fort, appelant la mort qui attendait au coin de la rue…

Nous franchîmes le porche…en même temps que la dame en noir…

paroxysme des pleurs....


Au chant des anciens
la terre
qui attendait au loin
exhalait l’humus
affamée de corps
putréfiant l’orémus…


© lambdaoui

18/01/2008

Graffitis...















Tout commencement s’enchaîne inévitablement à une fin.
comme le chant de l’oiseau s’enchaîne au silence,
comme le tremblement d’une feuille raconte le vent.
Le mur,
comme l’horizon,
s’enchaîne à la fin et au commencement,
au ciel et à la terre,
comme notre dualité où s’enchaîne notre moi
entre esprit et matière
ne sachant où commence l’une
ni où se termine l’autre,
Ouvrant l’infini du regard
sur le coin de la rue….

Notre rue…

Suspendue entre vie et non vie,

bégonia flétri d’un jardin de babylone suspendant l’attente, enchaînant mes souvenirs entre les briques d’un mur…

Mon regard est dur…

- wa ja3alna liawma bassarouka hadid !

momo…si tendre dans sa pureté qui souriait en coin…

- wa ja3alna l’houlmou ladid…

abdel si pur dans sa tendresse qui roulait son joint

Nous cachions le tendre sous nos peaux ciment que la vie truelle avait lissé de ses bleus et recollé au dérisoire mortier de l’honneur. ..Du mieux qu’elle a pu, nous donnant cette couleur lézard se fondant dans le mur…

Les gens passaient sans nous voir…

Tout commencement s’enchaîne inévitablement à une fin.
Comme le chant de l’oiseau s’enchaîne au silence,
comme le tremblement d’une feuille raconte le vent
sur le mur
nous étions graffitis
sans commencement et sans fin
de simples tourments
que la pluie du temps

effacera sûrement....

© Lambdaoui

16/01/2008

Muraille

Mur
mouroir des grandes larmes
mémoire craquelée de la terre

escarpé au ciel
hautain
les regards pointés vers

l’azur
qui connaît le parler
de l'océan

Mur
cristal de terre
jusqu'à ma chair
nue
pétrie de toi

étendu
sur le cuir des mots
je rêve

silencieux

libre du crépuscule
au premier toucher
humain
qui entendra ta voix

mur

raconte moi...

© lambdaoui

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