24/01/2008

Saisons...















Par une journée d’aspect printanier malgré l’avancée d’un aoûtien automne, je rêvais d’une fraîcheur hivernale qui aurait certainement calmé mon questionnement oiseux sur les aléas du temps.
Je me prélassais contre le mur qui ce jour là ne reflétait aucune saison…juste une humeur grise qu’il ronchonnait aux grattements des griffes de pigeons …

- « Ya plus de saisons ! » Ronchonna à ma droite, de l’autre côté de Momo et d’un ton complice, une voix inconnue. Puis sans nulle autre invitation que nos silences incisifs elle se mit à parler…

Momo, de mauvais poil rompit le rang…

- Je connais cette histoire par cœur …je vais voir bunny…je t’en ramènes ??

Signe de tête en acquiescement …c’est là que je vis l’homme grisonnant, suspendu à l’autre bout de la voix.

Il semblait étonnamment calme mais un curieux rictus ponctuait chacun de ses mots. Il expliquait, beaucoup plus à lui-même qu’à moi, comment il s’était retrouvé sans emploi avec d’énormes dettes.
Comment il s’était retrouvé aussi dans l’obligation de vendre tous ses biens…une terrible humiliation à son sens…

Au fur et à mesure de son récit le ton de sa voix prenait le ton de ces différentes étapes traversées…

D’abord, à l’amer dans sa voix, j’eus l’impression que les branchages d’un arbre fou s’étaient mis à peindre la colère dans un ciel sans nuages

- tu sais petit ! J’ai passé ma vie à asseoir ma position sociale…

Complètement ruiné depuis qu’il s’était fait blouser par son associé, il constatait avec rage que de la gloire à la rigole, il n’y avait que l’effet d’un vent contraire.

Aléa du temps…

Après la colère, la déprime prit place...ancrée et encrée dans un cortège poisseux d’idées noires sur fond d’attentisme. Un vertige obsédant dans le vide soudain de son existence qu’aucun surmenage ne venait masquer…

Ça, je connaissais…Je me laissai aller un peu plus contre le mur, syncrétisme de ma propre oisiveté…

Tout ce qu’il avait construit en biens matériels et activités incessantes avaient tendu autour de lui la noire étoffe d’un ciel en velours. De ces étoffes riches et lourdes dont on ne se défait jamais par peur de la nudité mais qui pèsent quand même lourd sur les épaules…

Une hirondelle égarée picorait un bœuf qui aboyait sur un toit...

Diversion de mon moi chassant la peur de sa propre incertitude…

Un rayon de soleil se fragmenta en mile étoiles sur une petite flaque d’eau au pied du mur.

Lueur d’espoir dans son regard….

Sa voix était maintenant sereine…

- Je me suis mis à poser un autre regard sur les choses, sur les êtres et sur moi-même. J’ai appris à sentir le vent, la fraîcheur d’une herbe coupée, d’écouter les sons magiques d’un rire, le petit bruit d’un scarabée contre le mur, s’acharnant vers ce qu’il croit être sa propre liberté…


Son visage détendu n’avait plus ce regard d’histoire inachevée. Il m’inspirait le désir d’une rencontre, la certitude d’un partage…

Il me regarda en souriant puis me tendit la main

- je m’appelle Hassan. Je suis un copain à Abdel…j’ai une association pour aider les jeunes en difficulté….

Je crois bien qu’il cherchait à dire à ceux qui venaient à lui :

Ce qui vous RUINE
N’est pas toujours ce qui veut vous NUIRE

Momo revint avec les clopes...

Un lièvre hulula sur un arbre…nous n’étions pourtant pas encore onze heures…

Un vol d'éléphants zébra le ciel d'une couleur girafe...

Il plut du beau temps ce jour là….



© Lambdaoui...remake d'ailleurs...

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