15/11/2005

Noss noss blues

Il y a des jours où la vie vous pèse de tout son poids de déchéance urbaine. Le vrombissement des bus qui vous atomise le dernier grain de bon sens d'un jet pétant de fumée noirâtre faisant d'une journée de printemps un conglomérat du pire scénario envisageable d'un changement climatique majeur.

Les trous noirs dans l'âme aussi béants que ceux de la couche d'ozone vous exposent doublement à l'effet d'une tempête solaire sur laquelle se reflète le premier vent du typhon en train de naître dans le plus noir de vos angoisses profondes.

Une envie assassine en train de germer sur cet humus fertile vous fait cracher l'injure sur tout ce qui bouge...

Moui Aïcha qui passe d'un pas rapide me jette un regard mauvais marmonnant je ne sais quel invective qualificative de tout ce qui s'apparente au négatif dans ma personne

- Salope!

- Salgout ! qu'elle me répond la mégère

Je me laisse aller un moment contre le mur, tel un lézard...y a pas de lézard me dis-je....y a pas de lézard....

- Eh ducon t'as la trique ma parole!

Momo que je n'avais pas vu venir reluquait la protubérance qui prenait forme dans mon pantalon. Momo avait cette innocence de la remarque crue, sans artifices, qui vous balayait tout assaut de noir vêtu d'un coup de verbe propre à lui, telle une peinture blanche.

-viens ! je te paye un noss noss qu'il me dit tout en tapotant, un sourire en coin, sa poche de chemise sur son cœur en or à travers laquelle, en filigrane, se dessinait un paquet rouge et blanc

-ou sakka en plus!

Le mur me lâcha à contre cœur et s'assombrit de l'ombre d'un nuage vagabond ravalant du coup toute ma rancœur. On s'éloigna à petits pas...la vie était belle après tout...


© Lambdaoui

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